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Derrière l'image...les mots
16 novembre 2012

Canines et incisives...

Il était dans sa chambre, tel un James Stewart hitchcokien, dans une fenêtre sur cour
Il la regardait elle, cette blonde, sa cible, comme la Black manba d'un kill bill contemporain
Il suivait chacun de ses gestes, l'oeil fixé au téléobjectif de son nikon d'un autre temps
Il se rêvait comme le Tarantino de son oraison funèbre, cinéaste en noir et blanc.

Le soir étalait sa langueur monotone, elle ouvrit la porte sur une histoire sans parole
Musique de mariachis, desperado en moins, danse de mort sur pellicule
L'homme inconnu bondit sur elle, lien d'acier dans les mains, puis autour de son cou
Tierce personne de ce jeu de mort, comme un chien dans un jeu de quilles

Souple, féline, elle se dégagea de l'étreinte mortelle, elle lui broya sa virilité dans un atémi aérien
Gracieuse elle le foudroya de coups de pied au visage, qui le mirent à genoux
Le katana fit rouler sa tête sur l'épais moelleux d'un tapis blanc auquel se mêla le rouge de son sang
La blonde, à peine essoufflée, caressa la striure fine qui barrait sa gorge, tel un fil de fer barbelé

Lui posa son fusil juste à côté de lui, arme de précision qu'il chérissait plus que tout
Ce ballet de mort, qui avait duré l'espace de quelques instants, avait réveillé son instinct de voyeur
Il adorait quand le morbide se mêlait au sensuel dans une valse de coups et d'indolence lascive
Il sentait que cette nuit serait une nuit de longs-couteaux, une nuit ou il ne fallait pas dormir

Il savait que l'heure était là, que demain sa chambre serait vide, rendue à sa monotonie
Il la vit partir vers sa salle de bains, ôtant son kimono, cachée dans une semi-obscurité
La porte s'ouvrit, un homme grand, massif, regard sombre, alla directement au salon
Il enroula le décapité et sa tête refroidie dans le tapis, linceul d'orient à la destinée tragique

Le voyeur-tueur scrutait l'obscurité, cherchant à reprendre le cours de la soirée
Le nettoyeur était à nouveau dans le salon, tapis livré au coffre de son camion
Elle sortit nue de la pénombre, le sourire toujours aussi glacial, liasse de billets à la main
Le nettoyeur prolongea le spectacle sur son corps mobile, empocha les billets et se retira

Vienne la nuit, que sonne l'heure disait Apollinaire, l'heure avait enfin sonnait
Il descendit de sa chambre, sortit dans la rue, chapeau rabattu sur son visage
Personne, même pas le vent n'interrompit sa marche silencieuse et rapide
Il entra dans l'immeuble, composa le code et monta les marches vers la scène de crime

Il ouvrit la porte lentement, elle était toujours nue, allongée sur le canapé blanc
Tout était blanc dans l'appartement sauf son corps à elle, bronzé uniformément
Elle s'offrait entièrement à lui, tueuse de chair et de sang, ses doigts plongés en elle
Haletante, sous ses caresses digne d'Onan, la chaleur empourprait ses joues

Il s'approcha d'elle, de sa main libre, sans un mot, elle le déboutonna
Sa bouche active, sa main caressante, elle n'était que sensualité et désir
Alors il la releva, la dressa contre le mur et s'enfouit en elle, au plus profond
Et c'est la qu'il sentit ses canines perçaient sa gorge et boire son sang, il jouit
C'était sa destinée, homme de la nuit et de l'ombre, il y finirait sa vie...

 

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